Delroy Wilson fut un des plus grands chanteurs jamaicains dans les années 70, dans la lignée de Dennis Brown, Gregory Isaacs et Johnny Clarke. Il occupe une place à part dans l'histoire du reggae, à la fois par son style (sa voix rappelle celle des stars américaines de la soul music) et par son destin tragique. Malgré son apport majeur au reggae, il reste peu connu du grand public. Il n'a pas connu, en vieillissant, la gloire tardive dont bénéficient légitimement tant de yardies aujourd'hui, et qui leur permet de continuer à développer leur art, en studio et sur scène (c'est le cas, par exemple, d'Horace Andy, redécouvert par le public grâce à Massive Attack). Delroy Wilson, lui, est mort en 1995, à cause d'un problème d'alcool.
Il reste, pour les amateurs de reggae, un des plus touchants crooners jamaicains, un de ces passeurs de témoins grâce à qui le monde a découvert le reggae et ses multiples déclinaisons. Il est notamment présent sur le tube des Clash "White man in Hammersmith Palais", cet hymne punky-reggae de 1976 dans lequel Joe Strummer et Mick Jones, les deux leaders de The Clash, racontent leur amusante mésaventure : alors qu'ils se rendaient dans un concert de reggae au Hammersmith Palais, ils découvrirent, ébahis, qu'ils étaient les seuls blancs dans le public (d'où le titre de la chanson) ! Cela ne durera pas, évidemment : le reggae commençait à déferler sur la Grande-Bretagne, l'Europe et le monde, et mêmes les rockers blancs se montraient décidés à promouvoir ce son venu des Caraïbes.
Surnommé "The cool operator", Delroy Wilson est donc une référence pour tous les artistes et tous les fans de reggae, un de ces génies précoces à qui la vie n'a pas laissé la possibilité de développer une oeuvre à la mesure de leur talent. Né en 1948 à Kingston, très tôt repéré par Clement Coxsone Dodd, il enregistre son premier titre à 12 ans, pour le Studio One. Delroy Wilson a raconté à Steve Barrow son ascension phénoménale. Poussé par un de ses amis, il se pointe - avec l'accord de sa mère ! - devant les grilles du mythique Studio One. Coxsone Dodd lui fait faire un essai et l'embauche sur le champ en lui donnant 5 shillings. Peu de temps après, le petit Delroy Wilson, juché sur une caisse de bière (Red Stripe, forcément) pour arriver au niveau du micro, enregistre sa première chanson. Le succès arrive avec le deuxième single enregisté pour le Studio One, "Spit in the sky". Rapidement, Delroy devient un phénomène, surnommé "The Boy wonder", petit prince du ska dans son impeccable costume. Puis vient l'ère du Rocksteady, propice à l'épanouissement du talent de Delroy Wilson, bientôt suivie par le raz-de-marée reggae. Le jeune chanteur surfe sur ses évolutions, aidé par Lee Scratch Perry, qui officie alors au sein du Studio One comme arrangeur, auteur-compositeur et "talent spotter". A ce titre, il est chargé de former et coacher les jeunes talents grâce à qui le Studio One vend des disques et étend son influence ...
Devenu adulte, Delroy Wilson quitte le Studio One pour tenter ses propres expériences. Il monte un groupe éphémère - The Links - avec Ken Boothe, the Gaylads et the Melodians, avant d'enchaîner les collaborations avec divers producteurs, comme Sonia Pottinger, Joe Gibbs, Keith Hudson, Harry J et Niney.
i'm in a dancing mood
riding for a fall
Once Upon A Time
CLOSE TO ME
My Baby Is Gone
Can I Change My Mind